Très difficile à traduire en français, le Tag-Out est une technique redoutablement efficace en improvisation théâtrale. Amenant de la fluidité dans le jeu et la possibilité de nouvelles interactions, le Tag-Out reste tout de même plus facilement utilisable et assimilable pour les joueurs chevronnés. Comme toujours : c'est une technique géniale, mais à utiliser avec modération !

Ce que l'improvisateur·rice doit comprendre

On vous a déjà expliqué le principe des bascules, qui permettent de changer de plan et de voir de nouveaux personnages (qui évoluent dans un autre espace-temps). En anglais, le terme le plus courant pour désigner les bascules est Walk-Ons. En français dans le texte, le Walk-Ons serait donc le fait de marcher sur le plateau pour y faire sa place, tandis que le Tag-Out est le fait de toucher un joueur pour le sortir de la scène.

Mais quelle différence avec une bascule traditionnelle alors ? En fait, la bascule pose un problème de poids qu'on finit tous par remarquer : on vient sur la scène, tous les autres joueurs nous laissent la place. Sauf que, parfois, on a besoin d'un joueur qui était déjà sur le plateau pour notre nouvelle scène.

Exemple concret : un homme et une femme qui interprètent un couple. Ils s'engueulent, c'est quasiment la rupture. Un joueur sur le banc veut faire une scène qui se déroule quelques heures avec la femme, dans laquelle il serait son meilleur ami. Problème : soit il fait la bascule et il doit rappeler sur scène la femme ("ah, je suis sûr que Murielle va encore être en retard, à chaque fois elle me fait le coup... Ah Murielle !") ce qui n'est jamais très propre et efficace ; soit il est obligé d'attendre une scène intermédiaire pour revenir avec elle... Et des fois, c'est mort car la scène intermédiaire a changée la donne.

Le Tag-Out résout ce problème ! Si on reprend notre exemple, on va simplement demander à l'homme de retourner sur le banc pour pouvoir jouer notre scène si géniale.

Ce que voit le public

En préambule, précisons que comme pour les annonces, le Tag-Out ne fonctionne que s'il est assumé. Il va donc falloir le faire proprement, sans précipitation et de manière assumée (vous savez, la fameuse 1/2 seconde écoulée qui parait durer 10 minutes pour le comédien mais en réalité, que dalle).

L'idée est de ne pas passer à l'avant comme pour une bascule, mais plutôt de partir du fond de scène ou à peu près de la hauteur du/des joueurs qu'on veut sortir. Il suffit encore une fois de ne surtout pas regarder dans les yeux le joueur qu'on veut sortir, tout en lui mettant une main sur l'épaule. Dès lors, le joueur qu'on a "taggé" en posant sa main rapidement sur son épaule sans le regarder sait qu'il doit sortir.

Le même geste peut être répété plusieurs fois si vous voulez faire sortir 2/3 joueurs. Bien sûr, si vous taggez tout le monde, ça n'a plus aucun sens : il fallait faire une bascule !

Cool

  • Pour des points de vue : pour montrer le point de vue sur une même situation de plusieurs personnages, le Tag-Out est efficace. On peut imaginer un commissaire qui reste sur scène tandis que les accusés passent un par un.
  • Pour les ellipses : exactement comme la bascule, sauf qu'on veut garder un ou plusieurs personnages avec nous.
  • Pour dynamiser le jeu : que tout le monde sorte de scène, que certains reviennent... C'est bien, mais c'est long. Encore une fois : ne pas confondre en revanche vitesse et précipitation. On dynamise le jeu, on ne l'accélère pas !

Pas cool

  • Quand c'est trop utilisé : une fois, deux fois, trois fois... Laissez le temps au jeu, à la rencontre et aux émotions. Si ça ne sert pas : abstenez-vous.
  • Quand ce n'est que pour du gag : on fait plein de Tag-Out pour réagir à la phrase qui vient juste d'être dite ou à une situation pour amener un caractère comique... Ce ne serait pas un gros cabotinage ça ?
  • Quand ça devient confus : à force de sortir des joueurs, d'en voir d'autres venir, on risque de perdre complètement le fil de l'histoire et la compréhension pour le public.