Les annonces ont un pouvoir formidable : celui, en une petite phrase de rien du tout, de transformer complètement l'improvisation que l'on est en train de voir. L'annonce met au clair ce qui va se passer par la suite et public comme artistes partagent une même information sur laquelle ils n'auront plus besoin de revenir.

Ce que l'improvisateur·rice doit comprendre

Autant que possible, le but de l'improvisateur·rice est d'être clair·e et limpide grâce à son jeu : le corps, la parole, les sentiments doivent fournir assez d'information au public pour qu'il ait comprit très rapidement ce que vous jouez. Sans quoi c'est la confusion et l'impro patinera jusqu'à sa fin, ou devra prendre un nouveau départ ce qui serait tout aussi malheureux.

Les annonces permettent, si elles sont elles-mêmes très claires (et elles doivent l'être), d'accorder tout le monde sur ce qui va se jouer dans la scène qui suit. Car c'est d'une importance cruciale : une fois l'annonce faite, il ne faut pas tromper le public, il faut jouer selon les conditions qui viennent d'être établies. C'est donc un outil puissant mais dangereux.

Une annonce peut prendre plusieurs formes :

  1. Annonce temporelle : 6 mois plus tard / 20 ans auparavant / la première rencontre entre Marc et Johanna...
  2. Annonce spatiale : de l'autre côté du monde / au même instant, sous le plancher...

Ce sont à priori les deux formes les plus communes et utiles. Annoncer un évènement n'a que peu d'intérêt car on pourra toujours le jouer via un nouveau tableau. L'annonce contextuelle peut avoir un intérêt dans quelques formes spécifiques exclusivement qui ne se centrent pas sur une seule histoire (par exemple, pour voir une même situation sous différents angles : dans un monde sans homme / dans un monde où il est interdit de poser des questions...).

Ce que voit le public

Les annonces peuvent être faites en voix-off. Cependant, pour être sûr·e d'être audible et de ne pas être écrasé par ce qui se passe sur scène, il est préférable de prendre le plateau le temps de l'annonce. On va donc devoir faire une très courte bascule, seul·e, afin d'énoncer de manière efficace et neutre son annonce.

Attention à la distorsion du temps : lorsqu'il est dit "6 mois plus tard, dans la cabane de Mme Konaway", l'acteur·rice a souvent la sensation d'être trop long·ue et de devoir s'éclipser au plus vite du plateau. Au contraire ! Pour que l'annonce ne soit pas inutile - ou pire, confusante - il faut monter sur le plateau rapidement mais proprement, se poser sur scène, faire son annonce de manière audible et intelligible puis repartir comme on est venu.

Cool

  • Pour faire avancer l'histoire : en une phrase, on peut directement passer tout un tas de scène inutiles.
  • Pour les flashbacks : complexe à faire sans annonce, bien que possible, les annonces permettent sans prise de risque de faire comprendre à tout le monde qu'on voit le passé du personnage.
  • Pour voir une situation sous plusieurs angles : ce qu'on est en train de jouer peut avoir un impact ailleurs mais on ne peut pas perdre une minute à montrer aux gens qu'on est les voisins des protagonistes ? Une annonce et c'est dans la poche !
  • Pour éclaircir les choses : on commence à ne plus bien comprendre où on est. L'annonce va tout contextualiser pour le prochain passage et nous éviter de nous questionner d'avantage.

Pas cool

  • Quand c'est pour les autres : c'est facile de dire, tout en restant sur le banc, "6 ans plus tard après leur divorce", mais quand l'annonce n'est pas pour un de vos personnages, assurez-vous qu'elle aide les improvisateurs·rices en jeu.
  • Quand il y en a trop : le tout, ça reste de jouer ! Les annonces doivent être utilisées de manière exceptionnelle et leur puissance n'a d'égale que leur rareté.
  • Quand c'est pas clair : "un peu plus tard, et là quand le gars arrive". NON.
  • Quand ça ne sert pas l'histoire : on arrive au bout de notre superbe scène romantique, John et Sarah vont peut-être enfin se dire oui, et un gars arrive et sort "10 minutes plus tard, après que John ait eu une panne". Les annonces, pas pour les cabotins, non non non.