background

Quatrième mur

Fondamentaux du théâtre

Le quatrième mur, inutile de le chercher du regard ou d'appeler votre ami maçon pour savoir ce qu'il en pense (wahou, quelle vanne). Il s'agit d'un concept totalement abstrait qu'on trouve au théâtre depuis la nuit des temps.

Qu'est-ce que c'est ?

Le quatrième mur est en fait la séparation imaginaire entre la scène et le public. Ce quatrième mur permettrait donc d'enfermer les comédien·ne·s dans un cube : les trois bords déjà composés par la salle et ce fameux mur virtuel qui vient empêcher tout lien avec le public.

Pour que le quatrième mur existe autant pour les comédien·ne·s que le public, quelques règles sont à respecter :

  • Les comédien·ne·s parlent entre eux et exclusivement entre eux
    Jamais au public. Pas de conteur donc, d'adresse public etc.
  • Les comédien·ne·s restent sur leur scène
    Si vous commencez à jouer hors de votre espace, les murs n'existent plus.
  • Les comédien·ne·s ne regardent jamais le public
    Du moins pas directement. Ils peuvent regarder vers le public, mais simplement parce que leur personnage doit regarder dans ce sens, pas pour prendre à parti le public.

Bien sûr, pour démolir le quatrième mur il suffit d'enfreindre une de ces règles.

Ce fameux quatrième mur existe aussi au cinéma avec ce qu'on appelle le regard caméra, c'est-à-dire le fait que l'acteur regarde l'objectif de la caméra et donne alors la sensation de rentrer chez le spectateur. Frank Underwood, de la génialissime série House of Cards, en est friand.

À quoi ça sert ?

Comme souvent au théâtre, chaque choix implique une dramaturgie, à savoir le sens que l'on veut donner à notre récit. Le respect ou non du quatrième mur entre dans ce cadre. Comme pour le regard caméra, briser le quatrième mur n'a de sens que s'il s'agit d'une volonté propre de l'artiste. Si vous vous mettez à regarder dans les yeux des gens du public tout en jouant votre partition, on perd toute la logique de la pièce.

Des millions de raisons existent pour briser le quatrième mur. Quelques unes au hasard :

  • Créer un lien direct avec le public
    Comme le ferait un conteur. Ce dernier est alors le liant entre la scène et le public et doit donc librement voguer de l'un à l'autre (mais les autres artistes, elleux, ne peuvent pas le faire)
  • Intégrer le public au sein du spectacle
    Imaginons un procès. Le public en est le juré. Il parait logique qu'à certains moments les avocat·e·s s'adressent directement à lui.
  • Donner des informations au public que les autres comédien·ne·s n'ont pas
    C'est le principe de l'aparté. Au milieu d'une scène, on se met à s'adresser au public pour l'informer de quelque chose que le personnage d'en face, par convention, n'entend pas.

À l'inverse, quand on veut jouer dans un cadre très réaliste, dans lequel les personnages sont sensés être complètement impliqués dans leur action, il n'est pas possible de briser le quatrième mur. Imaginez qu'en plein milieu d'une scène totalement dramatique, un·e comédien·ne s'extirpe du lot pour venir faire un clin d'oeil au public : la tension dramatique est morte.

Vous l'avez compris : on peut au sein d'un même spectacle briser puis créer de nouveau le quatrième mur à volonté, suivant le personnage ou le besoin du moment.

Et pour l'impro ?

D'abord, il est important de noter qu'à priori le quatrième mur existe en improvisation, sauf dans les catégories et spectacles qui permettent le contraire. Bien que de plus en plus de spectacles fassent la part belle à l'interaction directe avec le public, nombreux sont ceux qui n'interragissent qu'à certains moments avec le public pour ensuite dérouler son histoire sans le prendre en compte.

Briser le quatrième mur peut être très puissant, permettre de reconnecter avec le public et trouver une sincérité inégalité. Mais comme toujours, il ne faut le faire que si la scène le nécessite.